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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/94

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comptoir dans cette ville. Quelques charlatans indiens ayant offert d’amuser l’assemblée par des tours de leur profession, il eut la curiosité de les voir. Pour premier spectacle, ils firent allumer un grand feu, dans lequel ils firent rougir des chaînes, dont ils se lièrent le corps à nu sans en ressentir aucun mal. Ensuite prenant un petit morceau de bois qu’ils plantèrent en terre, ils demandèrent quel fruit on souhaitait d’en voir sortir. On leur dit qu’on souhaitait des mangues. Alors un des charlatans, s’étant couvert d’un linceul, s’accroupit cinq ou six fois contre terre. Tavernier, qui voulait le suivre dans cette opération, prit une place d’où ses regards pouvaient pénétrer par une ouverture du linceul ; et ce qu’il raconte ici semble demander beaucoup de confiance au témoignage de ses yeux.

« J’aperçus, dit-il, que cet homme, se coupant la chair sous les aisselles avec un rasoir, frottait de son sang le morceau de bois. Chaque fois qu’il se relevait le bois croissait à vue d’œil ; et la troisième, il en sortit des branches avec des bourgeons. La quatrième fois, l’arbre fut couvert de feuilles. La cinquième, on y vit des fleurs. Un ministre anglais, qui était présent, avait protesté d’abord qu’il ne pouvait consentir que des chrétiens assistassent à ce spectacle : mais lorsque, d’un morceau de bois sec, il eut vu que ces gens-là faisaient venir, en moins d’une demi-heure, un arbre de quatre ou cinq pieds de haut,