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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/100

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reau d’écaille de tortue, orné de cinq lames d’or, avec une grande chaîne de filigrane d’or pour lui servir de baudrier, et une veste de brocart à boutons d’or. Cette sorte de sabre ne se donne, à Siam, qu’aux généraux d’armée, lorsqu’ils partent pour aller à la guerre. M. de Joyeux, capitaine de la frégate française, reçut un présent de la même nature, mais moins magnifique.

La plupart des jours que le roi passa au palais de Louvo furent employés en spectacles. Tachard et ses confrères furent obligés d’assister à celui des éléphans contre un tigre, toujours sur la même monture, pour ne pas scandaliser les talapoins, qui se font un crime de monter à cheval.

On avait élevé hors de la ville une haute palissade de bambous, d’environ cent pieds en carré. Au milieu de l’enceinte étaient trois éléphans destinés à combattre le tigre ; ils avaient une espèce de plastron en forme de masque, qui leur couvrait la tête et une partie de la trompe. Aussitôt que les spectateurs furent placés, on fit sortir de la loge qui était dans l’enfoncement un tigre d’une figure et d’une couleur qui parurent nouvelles aux Français : outre qu’il était beaucoup plus grand, plus gros, et d’une taille moins effilée que ceux qu’ils avaient vus en France, sa peau n’était pas mouchetée ; mais, au lieu de toutes les taches semées sans ordre, il avait de longues et larges bandes en forme de cercles : ces bandes, prenant sur le