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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/131

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lui fit voir tout à gagner pour la religion, soit de la part du roi de Siam, qui, selon lui, ne pouvait manquer de se faire chrétien un jour, soit par rapport à la liberté qu’une garnison française à Bancok assurerait aux missionnaires pour l’exercice de leur ministère ; flatté enfin par les promesses de Constance, qui s’engagea à faire un établissement considérable aux jésuites, à qui il devait faire bâtir un collége et un observatoire à Louvo ; en un mot, ce père ne voyant rien dans tout ce projet que de très-avantageux pour le roi, pour la religion et pour sa compagnie, n’hésita pas de se charger de cette négociation : il se flatta même d’en venir à bout, et le promit à Constance, supposé que le P. de La Chaise voulût s’en mêler et employer son crédit auprès du roi. Dès lors le P. Tachard eut tout le secret de l’ambassade, et il fut arrêté qu’il retournerait en France avec les ambassadeurs siamois.

« Après le départ des ambassadeurs, dit Forbin, je me rendis à Louvo avec Constance. À mon arrivée, je fus introduit dans le palais pour la première fois. La situation où je trouvai les mandarins me surprit extrêmement ; et quoique j’eusse déjà un grand regret d’être demeuré à Siam, il s’accrut au double par ce que je vis. Tous ces mandarins étaient assis en rond sur des nattes de petit osier. Une seule lampe éclairait toute cette cour ; et quand un mandarin voulait lire ou écrire quelque chose, il tirait de sa poche un bout de bougie