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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/192

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notre premier ambassadeur derrière nous dans une affreuse solitude, il nous fit considérer que le secours que nous avions tiré d’eux ne méritait pas d’être regretté, et que nous pouvions continuer à suivre les côtes, suivant la résolution que nous avions prise de concert. « Il n’y a qu’une seule chose, nous dit-il, que nous devons préférer à tout le reste, et qui m’empêcherait de sentir mon malheur, si j’avais l’esprit tranquille sur ce point. Vous êtes tous témoins du profond respect que j’ai toujours eu pour la lettre du grand roi dont nous sommes les sujets : mon premier soin, dans notre naufrage, fut de la sauver ; je ne puis même attribuer ma conservation qu’à la bonne fortune qui accompagne toujours ce qui appartient à notre maître. Vous avez vu avec quelle circonspection je l’ai portée. Quand nous avons passé la nuit sur des montagnes, je l’ai toujours placée au sommet, ou du moins au-dessus de notre troupe ; et me mettant toujours un peu plus bas, je me suis tenu dans une distance convenable pour la garder. Quand nous nous sommes arrêtés dans les plaines, je l’ai toujours attachée à la cime de quelque arbre. Pendant le chemin, je l’ai portée sur mes épaules aussi long-temps que je l’ai pu, et je ne l’ai confiée à d’autres qu’après l’épuisement de mes forces. Dans le doute où je suis si je pourrai vous suivre long-temps, j’ordonne, de la part du grand roi notre maître, au troisième ambassadeur, qui en usera de même à l’égard