Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

route. On lui dit de nous rejoindre, ce qu’il ne put exécuter qu’en remontant bien haut pour se mettre à la nage.

» Nous conclûmes que les Portugais avaient suivi le bord où nous étions, et l’on prit le même chemin. Un bas déclaré qu’on trouva une demi-lieue plus loin nous confirma dans cette opinion. Après des peines infinies, nous arrivâmes au bas d’une montagne qui était creusée par le pied, comme si la nature en eût voulu faire un logement pour les passans. Il y avait assez d’espace pour nous y loger tous ensemble ; nous y passâmes une nuit très-froide, et par conséquent très-douloureuse. Depuis quelques jours mes jambes et mes pieds s’étaient enflés ; je ne pouvais porter ni souliers ni bas : cette incommodité s’accrut tellement, qu’en m’éveillant le matin, je remarquai sous moi la terre couverte d’eau et d’écume qui étaient sorties de mes pieds : cependant je trouvai des forces pour partir.

» Pendant tout le jour nous continuâmes de suivre le bord de la rivière, impatiens de trouver les Portugais, que nous ne pouvions croire éloignés. Nous trouvions par intervalles des traces de leur marche. À quelque distance de la caverne où nous avions couché, un de nos gens aperçut, un peu à l’écart, un fusil avec une boîte à poudre qu’un Portugais avait apparemment laissés, dans l’impuissance de les porter plus loin. Cette rencontre nous fut d’une extrême utilité ; depuis que nous suivions la