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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/204

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naient plus faciles. Enfin, malgré tous nos maux, la lassitude, la faim et la soif, il n’y avait point d’obstacles que notre courage ne nous fît surmonter.

» Pendant ce temps-là nous ne vivions que de nos moules séchées au soleil, et nous les ménagions soigneusement. On se croyait heureux de rencontrer certains petits arbres verts dont les feuilles avaient une aigreur appétissante, et servaient d’assaisonnement à nos moules. Les grenouilles vertes nous paraissaient aussi d’un fort bon goût. Nous en trouvions souvent, surtout dans les lieux couverts de verdure. Les sauterelles nous plaisaient moins ; mais l’insecte qui nous parut le plus agréable, était une espèce de grosse mouche ou de hanneton fort noir, qui ne se trouve et qui ne vit que dans l’ordure. Nous en trouvâmes beaucoup sur la fiente des éléphans. L’unique préparation qu’on apportait pour les manger, c’était de les faire griller au feu. Je ne ferai pas difficulté d’avouer que je leur trouvais un goût merveilleux. Ces connaissances peuvent être utiles à ceux qui auront le malheur de se trouver réduits aux mêmes extrémités.

» Enfin, le trente-unième jour de notre marche, et le sixième après l’heureuse rencontre des Hottentots, en descendant une colline, vers six heures du matin, nous aperçûmes quatre personnes sur le sommet d’une très-haute montagne qui était devant nous, et que nous devions traverser. On les prit d’abord