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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/222

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observé qu’un seigneur avait les jambes bleues, d’un bleu mat, tel qu’il reste après l’impression de la poudre a tirer, on lui apprit que c’était une distinction particulière aux grands, qui ont plus ou moins de bleu, suivant leur dignité, et que le roi de Siam était bleu depuis la plante des pieds jusqu’au creux de l’estomac. Cependant d’autres l’assurèrent que c’était moins par grandeur que par superstition.

Les Siamois sont presque nus. Ils vont nu-pieds et nu-tête ; la bienséance leur fait porter seulement autour des reins et des cuisses, jusqu’au-dessous du genou, une pièce de toile peinte ; c’est une étoffe de soie, ou simple, ou bordée d’une broderie d’or ou d’argent.

Les mandarins portent avec leur pagne une chemise de mousseline qui leur sert de veste ou de justaucorps. Ils la dépouillent et se l’entortillent au milieu du corps quand ils abordent un mandarin supérieur en dignité pour lui témoigner qu’ils sont disposés à recevoir ses ordres. Ces chemises n’ont pas de collet. Elles sont ouvertes par-devant et laissent voir l’estomac. Les manches tombent presque jusqu’aux poignets, larges d’environ deux pieds de tour, sans être froncées par le bas ni par le haut. Le corps en est si étroit, que ne pouvant entrer et passer sur le pagne, il s’y arrête par plusieurs plis. Dans l’hiver, les seigneurs mettent quelquefois sur leurs épaules une pièce d’étoffe de toile peinte en manière de man-