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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/241

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libres. La noblesse parmi eux n’est que la possession actuelle des charges. Une famille qui s’y maintient long-temps en devient sans doute plus illustre et plus puissante : mais cette continuité de grandeur est assez rare. Celui qui perd sa charge n’a plus rien qui le distingue du peuple.

La distinction entre le peuple et les prêtres n’est pas moins passagère, parce que l’on peut toujours passer de l’un de ces états à l’autre. Les prêtres sont les talapoins. Ainsi sous le nom de peuple il faut entendre ici le corps libre de la nation, c’est-à-dire les officiers et les simples sujets.

Ce peuple est une milice dans laquelle chacun est enrôlé. Tous les Siamois libres sont soldats et doivent six mois de service à leur souverain. Le devoir de ce prince est de les armer et de leur donner des éléphans ou des chevaux, s’il veut qu’ils le servent à la guerre. Mais, comme il n’emploie jamais tous ses sujets dans ses armées, et qu’il n’est pas toujours en guerre avec ses voisins, il occupe pendant six mois de l’année, aux travaux qu’il juge à propos, les sujets qu’il n’emploie pas au métier des armes.

C’est pour ne laisser échapper personne au service personnel qu’on tient tous les ans un compte exact du peuple. Il est divisé en gens de main droite et gens de main gauche ; division singulière, et dont tant de nations, qui ont passé successivement en revue dans ce re-