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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/254

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nommé Cyprien, qu’il vit ensuite au service de la compagnie française à Surate, avait servi dans les armées du roi de Siam en qualité de courrier ; comme on lui défendait de tirer droit, il ne doutait pas que le général siamois ne trahît son maître. Dans une guerre contre le roi de Singor, sur la côte occidentale du royaume de Siam, il se lassa de voir deux armées en présence, qui semblaient se respecter mutuellement, ou manquer de hardiesse pour commencer l’attaque. Il se détermina, pendant la nuit, à passer seul au camp ennemi, pour enlever le roi de Singor dans sa tente. Cette témérité fut si heureuse, qu’ayant pris effectivement le prince, et l’ayant mené au général siamois, il termina une guerre qui durait depuis plus de vingt ans. Ce service demeura sans récompense ; et Cyprien, rebuté de quelques intrigues de cour qui avaient refroidi les généreuses inclinations du roi de Siam, prit le parti de se retirer à Surate.

Quoique la nature n’ait pas rendu les Siamois plus propres à la guerre, ils ne laissent pas de la faire souvent avec avantage, parce que leurs voisins ne sont ni plus puissans ni plus braves qu’eux. Cependant le roi n’entretient pas d’autres troupes qu’une garde étrangère. Le chevalier de Forbin avait enseigné l’exercice des armes à quatre cents Siamois ; et lorsqu’il eut quitté Siam, un Anglais, qui avait été sergent à Madras sur la côte de Coromandel, donna les mêmes leçons à huit cents autres