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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/262

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champ. Le caractère essentiel des hommes dans les climats très-chauds ou très froids, est la paresse d’esprit et de corps, avec cette différence qu’elle dégénère en stupidité dans les pays trop froids, et que dans les pays trop chauds il y a toujours de l’esprit et de l’imagination ; mais de cette sorte d’esprit qui se lasse bientôt de la moindre application.

Les Siamois conçoivent facilement : leurs reparties sont vives et promptes, leurs objections justes. On croirait qu’un peu d’étude peut les rendre habiles dans les plus hautes sciences et dans les arts les plus difficiles ; mais leur paresse invincible détruit tout d’un coup cette espérance.

Ils sont naturellement poëtes : leur versification consiste, comme la nôtre, dans le nombre de syllabes et dans la rime. Entre plusieurs traductions de leurs poëtes et de leurs chansons, Laloubère n’en vit pas une dont le sens pût s’ajuster à nos idées ; il y entrevit néanmoins des peintures, celle, par exemple, d’un jardin agréable, dans lequel un amant offre une retraite à sa maîtresse. Outre les chansons d’amour, ils en ont d’historiques et de morales : un des frères du roi composait des poésies morales fort estimées, et les mettait lui-même en musique.

Si les Siamois naissent poëtes, ils sont bien éloignés de naître orateurs et de pouvoir le devenir. Leurs livres sont ou des narrations d’un style fort simple, ou des sentences d’un