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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/28

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Ils n’ont adopté des sciences chinoises que la morale, dont ils puisent les principes dans la même source, c’est-à-dire dans les livres de Confucius. Leur ignorance dans la philosophie naturelle est extrême ; ils ne sont pas versés dans les mathématiques et dans l’astronomie ; leur poésie est obscure ; leur musique a peu d’harmonie. Enfin l’auteur, ne s’attachant qu’à la vérité dans le jugement qu’il porte de son pays, admire que Tavernier ait pu prendre les Tonquinois pour le peuple de l’Orient le plus versé dans toutes ces connaissances.

Les lettrés du Tonquin doivent passer par divers degrés, comme ceux de la Chine, pour arriver au terme de leur ambition. Ce n’est pas la noblesse, car les honneurs meurent ici avec la personne qui les a possédés ; mais toutes les dignités du royaume sont la récompense du mérite littéraire. Le premier degré est celui de sindgo, qui revient à celui de bachelier en Europe ; le second, celui de rang-cong, qu’on peut comparer à celui de licencié ; et le troisième, celui de tuncy, qui donne proprement la qualité de docteur. Entre les docteurs, on choisit le plus habile pour en faire le chef ou le président des sciences , sous le titre de tranghivin. La corruption, la partialité, et toutes les passions, qui ont tant de part à tout ce qui se fait au Tonquin, cèdent pour ce choix à l’amour de l’ordre et de la justice ; on y apporte tant de soins et de précautions, qu’il tombe toujours, dit Baron, sur les plus dignes sujets. Si cet éloge