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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/328

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lais, des meubles, des éléphans, et d’autres animaux ordinaires, mais des monstres bizarres, dont quelques-uns approchent de la forme humaine. On ne brûle pas la bière. Le corps est placé nu sur le bûcher, et les talapoins du couvent le plus proche chantent pendant un quart d’heure, après lequel ils se retirent sans paraître davantage. Ce n’est pas par des vues de religion qu’on les appelle à cette scène, mais seulement pour la rendre plus magnifique. On donne à la cérémonie un air de fête et quoique les parens y fassent quelques lamentations, Laboulère assure qu’on n’y loue pas de pleureuses. Après le départ des talapoins, on voit commencer les spectacles, qui durent tout le jour sur différens théâtres. Vers midi, un valet des talapoins met le feu au bûcher, qu’on ne laisse brûler ordinairement que l’espace de deux heures. Si c’est le corps d’un prince du sang ou de quelque seigneur que le roi a nommé, c’est le monarque lui-même qui met le feu au bûcher, sans sortir de son palais, en lâchant un flambeau allumé le long d’une corde que l’on tend depuis ses fenêtres jusqu’au lieu de l’exécution. Jamais le feu ne consume entièrement le corps : il ne fait que le rôtir, et souvent fort mal. Les restes sont renfermés dans la bière, et déposés sous une des pyramides qu’on voit autour des temples. Quelquefois on y enterre avec le mort des pierreries et d’autres richesses, dans la confiance qu’on a pour des lieux que la religion rend