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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/336

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Les bois de construction pour les maisons et les vaisseaux, et d’ornement pour la sculpture et la menuiserie, sont d’une excellence et d’une variété singulières. Il s’en trouve de léger et de fort pesant, d’aisé à fendre, et d’autre qui ne se fend point, quelques clous et quelques chevilles qu’il reçoive. Le dernier, que les Européens ont nommé bois-marie, est meilleur qu’aucun autre pour les courbes de navire. L’arbre que les Portugais appellent arvore de raiz, et les Siamois copaï, a cette propriété commune avec le palétuvier d’Afrique, que de ses branches on voit pendre jusqu’à terre plusieurs filets, qui, prenant racine, deviennent autant de nouveaux troncs. Il se forme ainsi une espèce de labyrinthe de ces tiges, qui se multiplient toujours, et qui tiennent les unes aux autres par les branches d’où elles sont tombées.

Il se trouve à Siam des arbres si hauts et si droits, qu’un seul suffit pour faire un ballon de seize à vingt toises de longueur. On creuse le tronc, on l’élargit à l’aide du feu, ensuite on relève ses côtés par un bordage, c’est-à-dire par une planche de même longueur. On attache aux deux bouts une proue et une poupe fort hautes, un peu recourbées en dehors, et souvent ornées de sculpture et de dorure, et de quelques nacres de perles en pièces de rapport.

Laloubère admire que, parmi tant d’espèces de bois, les Siamois n’en aient pas une seule