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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/369

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première récolte est sans comparaison meilleure que les deux autres ; et a une plus grande valeur. On en fait la distinction par la couleur, en rompant un morceau de pâte. La couleur de celle qui se fait de la première coupe est d’un violet bleuâtre, plus brillant et plus vif que les deux autres ; et celle de la seconde est plus vive aussi que celle de la troisième. Mais, outre cette différence, qui en fait une considérable dans le prix, les Indiens en altèrent le poids et la qualité par des mélanges.

Après avoir coupé les plantes, ils séparent les feuilles de leurs pétioles et les font sécher au soleil : ils les jettent dans des bassins construits en pierre et enduits d’une sorte de chaux, qui s’endurcit jusqu’à paraître d’une seule pièce de marbre. Ces bassins ont ordinairement quatre-vingts à cent pas de tour. Après les avoir à moitié remplis d’eau saumache, on achève de les remplir de feuilles d’indigo sèches, qu’on remue souvent, jusqu’à ce qu’elles se réduisent en pâte ou fécule ; ensuite. on les laisse reposer pendant quelques jours ; et lorsque la fécule est déposée au fond du bassin de manière à ce que l’eau soit claire par-dessus, on ouvre des trous qui sont pratiqués autour du bassin pour laisser écouler l’eau : on remplit alors des corbeilles de cette fécule, et on en prend avec les doigts une quantité suffisante pour en former des morceaux de la figure et de la grosseur d’un œuf de poule coupé en deux, c’est-à-dire plat en bas et pointu par le