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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/375

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nier, qui est un des présens les plus utiles que la Providence ait fait au genre humain.

La plante qui porte le poivre est petite ; elle pousse beaucoup de tiges sarmenteuses, qui se couchent sur la terre comme celles du houblon, quand elles ne sont pas soutenues ; elles ont plusieurs nœuds de l’entre-deux desquels sortent des racines qui entrent dans la terre. Ses feuilles ressemblent à celles du lierre. Elles ont une odeur forte et le goût piquant comme celui du fruit. Les fleurs viennent en grappes, à peu près comme les groseilles. Il leur succède des grains, qui sont d’abord verts, et deviennent insensiblement d’un rouge très-vif à mesure qu’ils mûrissent. Tantôt ces grappes naissent sur la partie moyenne des tiges, sur les nœuds opposés aux feuilles, tantôt elles viennent à l’extrémité des tiges. Aussitôt que le fruit est tout-à-fait mûr, on le cueille, on l’expose au soleil, où se desséchant, il se ride et devient tel que nous le voyons en Europe. Il n’est pas d’une égale qualité dans tous les pays qui en produisent. Celui du Malabar est le moins estimé. On n’en trouve point dont la couleur soit naturellement blanche, comme plusieurs écrivains se le sont imaginé ; toute sorte de poivre est noir lorsqu’il est sec, ou du moins fort brun. On en fait du poivre blanc en le battant, lorsqu’on le fait sécher en le dépouillant de sa peau, qui est noire et ridée.

Beaulieu, voyageur français du dix-septième siècle, pendant un long séjour qu’il fit à Su-