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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/379

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relle. Cette manipulation lui fait perdre beaucoup de sa force.

Le meilleur poivre est ordinairement celui qui se vend par mesure, et non au poids, parce qu’il n’est pas mouillé, et qu’on n’y peut mêler ni gravier ni sable sans s’exposer à faire voir la tromperie en le mesurant. La mesure des marchands est le nali, qui contient seize gantes ; chaque gante contient quatre chuppes ; et quinze nalis font le bahar, qui est de quatre cent cinquante livres, poids de marc. Cette mesure néanmoins diminue d’un quart dans les états du roi d’Achem. Le prix commun du bahar, jusqu’au temps de Beaulieu, avait été de seize piastres ; et jamais, dit-il, il n’avait passé vingt.

On distingue deux sortes de poivre : le gros et le petit. La plus grande partie du gros vient de la côte du Malabar, et se vend dans les villes de Calicut et de Tutocorin. Il en vient aussi des terres de Visapour, et la vente s’en fait à Réjapour, petite ville du même pays. Quelques voyageurs nous apprennent que les Hollandais, qui le vont acheter des Malabares, n’emploient point d’argent à ce commerce ; qu’ils donnent en échange diverses sortes de marchandises, telles que du coton, de l’opium, du vermillon et du vif-argent : c’est ce gros poivre qu’ils transportent en Europe. Pour le petit, qui vient de Bantam, d’Achem et de quelques autres lieux vers l’orient, il en sort fort peu de l’Asie, où il s’en consomme beaucoup, sur-