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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/413

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ce que le faux monnayeur fût découvert, et son châtiment serait d’avoir le poing coupé. Si l’on ne parvenait point à le découvrir, ceux qui ont reçu et donné l’argent n’en seraient pas moins condamnés à quelque amende. Cette rigueur apporte de grands profits aux chérafs. Personne ne voulant faire ou recevoir un paiement sans leur avoir fait examiner les pièces, leur droit pour ce service, est d’un seizième pour cent. Ils poussent l’avidité si loin, que, pour ne rien perdre des plus légères parties d’or qui restent sur la pierre de touche où se fait l’essai, ils ont une méthode qui n’est point encore connue des Européens : c’est de les tirer avec une petite balle composée de poix noire et de cire molle, dont ils frottent la pierre, et la brûlant au bout de quelques années, ils y trouvent l’or qu’ils y ont pu ramasser.

À l’égard de l’or ou de l’argent qui sortent du trésor des souverains, on y apporte tant de précautions, que la fraude est impossible. Rhoé et Tavernier, qui s’étaient fait une étude particulière de ces observations, s’accordent à rapporter que tout l’argent qui entre dans le sarquet, qui est le trésor du grand-mogol, est jeté d’abord dans un grand feu de charbon. Lorsque les pièces sont rouges, on éteint le feu à force d’eau. S’il s’en trouve quelqu’une où l’on aperçoive la moindre marque d’aloi, elle est aussitôt coupée. Autant de fois qu’elles entrent au trésor, on les frappe d’un poinçon