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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/49

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s’adresse pour les maladies ; ils ont leurs livres, dans lesquels ils prétendent trouver la cause et le résultat de tous les effets naturels ; mais ils ne manquent jamais de répondre que la maladie vient du diable ou de quelques dieux de l’eau. Leur remède ordinaire est le bruit des timbales, des bassins et des trompettes. Le conjurateur est vêtu d’une manière bizarre, chante fort haut, prononce au bruit des instrumens différens mots qu’on entend d’autant moins, qu’il tient lui-même à la main une petite cloche qu’il fait sonner sans relâche. Il s’agite, il saute ; et comme on n’a recours à ces imposteurs qu’à l’extrémité du mal, ils continuent cet exercice jusqu’au moment où le sort du malade se déclare pour la vie ou pour la mort. Il ne leur est pas difficile alors de conformer leur oracle aux circonstances ; mais si cette opération dure plusieurs jours, on a soin de leur fournir les meilleurs alimens du pays, qu’ils mangent sans crainte, quoiqu’ils feignent d’abord de les offrir au diable, comme un sacrifice capable de l’apaiser.

C’est aux magiciens de la même classe qu’on attribue le pouvoir de chasser les esprits malins d’une maison. Ils commencent par invoquer d’autres esprits avec des formules en usage. Ensuite, ayant appliqué sur le mur des feuilles de papier jaune, qui contiennent d’horribles figures, ils se mettent à crier, à sauter, à faire toutes sortes de mouvemens avec un bruit et des contorsions qui causent