Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une grande marque de distinction. Aussitôt qu’ils furent assis, le roi, qui allait sortir pour voir un combat d’éléphans, dont il voulait donner le plaisir à l’ambassadeur, monta sur le sien qui l’attendait à la porte de son appartement ; et remarquant les jésuites à dix ou douze pas de lui, il s’avança vers eux.

Le père Fontenay, supérieur de ses confrères, avait préparé un compliment. Mais le seigneur Constance, voyant le roi pressé, parla pour eux à ce prince, qui les regarda les uns après les autres d’un visage riant et plein de bonté. Son âge était d’environ cinquante-cinq ans, sa taille un peu au-dessous de la médiocre, mais fort droite et bien prise. Il répondit au discours de son ministre « qu’ayant su que le roi de France envoyait les six jésuites à la Chine pour de grands desseins, il avait désiré de les voir et de leur dire de bouche que, s’ils avaient besoin de quelque chose, soit pour le service du roi leur maître, soit pour leur propre usage, il avait donné ordre qu’on leur fournît tout ce qui leur serait nécessaire. »

Les jésuites n’eurent le temps de répondre à cette faveur que par des remercimens respectueux et de profondes inclinations. Le roi continua son chemin ; et passant de cette cour dans une autre au milieu d’une haie de mandarins prosternés devant lui, le front contre terre et dans un grand silence, il trouva près de la première porte du palais les chefs des compagnies marchandes de l’Europe, déchaus-