Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 9.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous devons la connaissance des religions de la Chine aux missionnaires européens, surtout aux jésuites, qui ont joint à leurs propres observations plusieurs extraits des auteurs du pays ; mais, soit qu’on doive en accuser leur négligence, ou le penchant qui porte toujours à défigurer la religion d’autrui, ils n’ont traité que de la première avec un peu d’exactitude ; et leur inattention, au contraire, se fait remarquer sensiblement sur les autres, que l’on connaît assez mal.

Le principal objet du culte des Chinois est l’Être Suprême, qu’ils regardent comme le principe de toutes choses : ils l’adorent sous les deux noms de Chang-ti, qui signifie souverain Empereur, ou de Tien, qui revient à la même signification dans leur langue. Tien ; suivant leurs interprètes, est l’esprit qui préside au ciel, parce que le ciel est le plus excellent ouvrage du premier principe. Cependant il se prend aussi pour le ciel matériel ; et le sens est déterminé par le sujet auquel ce terme est appliqué : un père est le tien d’une famille ; un vice-roi est le tien de la province ; l’empereur est le tien de l’empire. Les Chinois adorent aussi, mais d’un culte subordonné, les esprits inférieurs qui dépendent du premier Être, et qui président, suivant la même doctrine, aux villes, aux rivières, aux montagnes, etc.

Il paraît par les livres chinois, surtout par le Chou-king, que ce Tien, ou ce premier