Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 9.djvu/337

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rins dans l’art de gouverner le peuple. Aussi la lisent-ils exactement ; et comme elle offre toujours l’état des affaires publiques, la plupart mettent par écrit des observations sur chaque article, pour les faire servir de règle à leur conduite. Il ne s’imprime rien dans la gazette qui n’ait été présenté à l’empereur, ou qui ne vienne de lui. Ceux qui sont chargés de la publier n’auraient pas la hardiesse d’y rien ajouter, pas même leurs propres réflexions, sous peine de punition corporelle. En 1726, un écrivain d’un tribunal et un écrivain de la poste furent punis de mort pour y avoir inséré des faussetés. L’unique motif que le tribunal criminel fit valoir pour justifier cette rigueur, fut que les coupables avaient manqué de respect pour sa majesté impériale ; crime capital suivant les lois.

L’empereur Yong-tching, pour prévenir la corruption des mandarins, augmenta leurs appointemens du double ; et, déclarant qu’il renonçait lui-même à recevoir aucun présent, il leur défendit de prendre jamais rien au delà de ce qui leur est dû, sous les peines portées par sa loi, qui ordonne qu’un mandarin convaincu d’avoir exigé ou reçu injustement quatre-vingts onces d’argent serait puni de mort. Il accorda aussi de grosses sommes aux inspecteurs et aux visiteurs pour les frais de leurs voyages, en punissant avec la dernière sévérité et le corrupteur et celui qui se laisse corrompre.