Aller au contenu

Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sur le parapet du fort, quatre hommes, vêtus d’uniformes français, se dressaient, en déployant le pavillon du roi, suivant l’usage de chaque jour, au son du tambour et, des trompettes qui sonnaient la Diane.

Au-dessus de la Porte-Royale, un peloton d’une vingtaine de soldats était aligné derrière un énorme animal de forme, étrange et terrible, dont les écailles, dorées par les rayons obliques du soleil, lançaient au loin mille feux.

L’épouvante se répandit dans la multitude ; les esclaves se prosternèrent, la face contre le sol.

Les trompettes sonnaient toujours.

Le Dragon formidable, qui, les ailes déployées, semblait prêt à fondre sur le peuple rebelle, agita ses yeux et ouvrit sa gueule immense, d’où sortit un serpent de la grosse espèce, qui vint s’enrouler autour du corps d’un officier monté sur le Dragon lui-même.

— Capricorne !… cria la multitude.

— Oui, mordious ! tas d’affreux coquins, c’est moi, milliasses de tonnerres !… Vous avez fait des sottises pendant mon petit voyage… Sergent Franche-Corde, par le flanc gauche. – Allez ouvrir la porte royale à ces deux ou trois cents oundevous. Je commence par les prendre… Vive le roi !

Un salut de vingt et un coup de canons éveillait les échos de l’anse Dauphine ou Tolangare, et Flèche-Perçante, la fille du grand chef de Manambaro, agitait un étendard rouge en criant :

— Zaffi-Ramini, Zaffi-Ramini !… Le fils de Ramini, sorti de la mer, m’a rendu mon bien-aimé Capricorne, mon prince, et mon roi !

À ces paroles, Dian Tsérouge lui-même prosterna son front dans la poussière.

Béniowski, monté sur un cheval blanc, escorté par un bril-