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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/11

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— Une allusion au Misanthrope !… s’écria Richard.

— J’ai Molière dans ma bibliothèque.

— Tokay dans votre cave ! Les Muses, les grâces et la gaîté habitent les Opales…

Soutenu par Vasili, Béniowski que les châtelaines entouraient, gravissait déjà les marches du perron féodal. Et si le vicomte, pétillant d’entrain, charmait les cavaliers par ses propos, Béniowski attirait sur lui l’intérêt des jeunes femmes. Les traits d’esprit du gentilhomme français furent faits en pure perte.

Le fils du général Samuel de Béniowski et de Rose, baronne de Revay, comtesse héréditaire de Thurocz, Maurice était bien connu dans la contrée depuis son premier coup de tête.

Il avait fait ses études à Vienne avec les fils des plus illustres familles de l’empire ; – son intelligence et ses forces physiques se développèrent rapidement ; il se montrait aussi adroit aux exercices du corps, qu’habile aux travaux de l’esprit. Dès l’âge de quatorze ans, il entra dans la carrière militaire, en qualité de lieutenant au régiment de Siebenschien, qui faisait alors partie de l’armée belligérante contre la Prusse.

Le 8 octobre 1756, il vit le feu pour la première fois à la bataille de Lobositz, livrée par le général Brown. – L’année suivante, sous les ordres du prince Charles de Lorraine, il combattait, le 16 mai, à Prague ; le 12 novembre, devant Schweidnitz. – La quatrième bataille à laquelle il se trouva fut celle de Domstadt, en 1758, sous le commandement du général Laudon.

Peu après, il quitta le service pour aller recueillir en Lithuanie la succession du staroste de Béniowski, son oncle ; – il entra paisiblement en possession de la starostie et des biens qui en dépendaient. – Cependant, son père mourut, ses beaux-frères profitant de son absence, s’emparèrent de l’héritage,