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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/118

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avant un an à Madagascar, ramenant une troupe de guerriers dévoués à sa cause. Alors, une grande palabre, un kabar solennel aurait lieu. Il rendrait justice à ses alliés et à ses amis ; il punirait leurs ennemis, et rendrait l’île prospère, riche, florissante, à jamais invincible.

Vasili, moins facile à convaincre que le sergent Franche-Corde, prit à tâche de coopérer aux desseins du chevalier. Il sut faire adopter par Chat-de-Mer et Petrova la Kamchadale toute la légende de Ramini.

Le rembarquement de Béniowski ne fit pas moins triomphal que son débarquement.

Il partit emmenant, outre ses anciens serviteurs, deux Malgaches du plus beau noir, à traits aquilins et cheveux lisses, qui le suivirent en qualité, non d’esclaves, mais de serfs volontaires, c’est-à-dire d’ontsoas, suivant la dénomination du pays.

Le premier s’appelait Anghino-Andrefou, ce qui veut dire Vent-d’Ouest ; le second Azoali, nom donné par les ombiasses, prêtres ou devins à la planète Jupiter.

Jean de Paris, Sans-Quartier, Jambe-d’Argent et Saur de Dunkerque guéri de sa blessure, demandèrent également à accompagner le général, en jurant bien qu’ils reviendraient avec lui.

Le chevalier du Capricorne leur en accorda la permission :

— Enrôlez-nous vos pareils, leur dit-il ; pas de fainéants, pas de poltrons, pas de traîtres surtout. Méfiez-vous des faces pâles et des gros ventres…

— Soyez tranquille, capitaine, je me connais en gaillards, dit Jean de Paris.

— Moi, en troupiers, dit Jambe-d’Argent.

— Et je n’ai pas de paille dans l’œil, ajouta Sans-Quartier.

Saur de Dunkerque trouva que ses camarades parlaient bien.