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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/135

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— Accès de vertu !… Il est incurable ! murmura Vincent du Capricorne.

— En outre, mon cher camarade, ajouta Béniowski, je ne dispose pas de la corvette de charge la Marquise de Marbœuf, et son capitaine en titre serait en droit de faire opposition à notre débarquement.

Le commandant du Fort-Dauphin, jugeant inutile d’insister et sa gracieuse compagne Flèche-Perçante traitèrent de leur mieux, tant que dura la relâche, le comte et la comtesse de Béniowski, ainsi que le respectable père Alexis qui put chaque matin célébrer la messe dans la vieille chapelle extra-muros. Capricorne et même son beau-père le rohandrian Tsérouge promirent de la faire réparer en l’honneur de la Sainte-Vierge Marie Ra-Mariama pour laquelle la plupart des tribus avaient déjà une dévotion traditionnelle, fort peu chrétienne, à la vérité, mais pouvant servir de point de départ aux plus fructueuses prédications.

En plusieurs kabars, le général fut acclamé sous le nom de Ra-Zaffi-Ramini. Alors, en grande cérémonie, devant les nations de vingt lieues à la ronde, il se lia par le serment du sang, ou fattiarah, avec plusieurs des principaux chefs. De jeunes insulaires faisant office de clercs s’avancèrent portant un vase de terre rempli d’eau douce, dans laquelle furent trempées les pointes des javelots dont un vénérable vieillard de Manambaro se servit pour frapper à petits coups sur les poitrines de Ra-Zaffi-Ramini et de ses nouveaux frères : Dian Tsérouge, le rohandrian, Dian Rassamb, Dian Salao et Fatara, chefs de Fanshère, d’Imahal et de la péninsule de Tolangare.

Chacun des petits coups fut le signal d’une offrande jetée dans le vase par les serviteurs ou les parents des parties contractantes.

La comtesse de Béniowski et Flèche-Perçante, fille du ro-