Aller au contenu

Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Maussades procédés, retards systématiques, hostilités à peine déguisées. La comtesse Salomée, indignée de ces iniques traitements, tomba sérieusement malade. La légion se désorganisait et cependant, aux alentours du poste de Franche-Corde, les agents de la coterie dont Stéphanof était l’âme, étaient parvenus à indisposer contre son petit établissement la tribu des Zaffi-Rabès.

Un pilote de l’île Sainte-Marie consentit à conduire à l’Île-de-France Sans-Quartier et Jambe-d’Argent qui, déguisés en matelots, se présentèrent inopinément devant Béniowski, et lui apprirent que les hostilités étaient entamées.

Le gouverneur et l’intendant lui avaient péremptoirement refusé, le jour même, un navire pour lui et pour sa troupe, sous prétexte que tous les bâtiments à leur disposition étaient employés au service de la colonie.

Sur cette réponse, le général désespéré avait annoncé que, huit jours après, sa légion partirait enfin pour Madagascar. Il était en pourparlers pour fréter à ses frais un navire de commerce, et ne doutait pas de réussir ; mais le soir, en présence de Sans-Quartier, Jambe-d’Argent et des principaux officiers, le subrécargue vint dégager sa parole :

— Requis d’autorité par le gouvernement, il était expédié à Pondichéry, avec défense de relâcher en route.

— Laissez-moi faire, général ! s’écria le chevalier, remis en joie par la présence de ses deux vétérans, nous aurons un navire au jour marqué !

Le major monta sur l’heure la barque malgache de l’île Sainte-Marie, partit pour Bourbon, et à l’insu des autorités de Port-Louis, y affréta un bâtiment marchand nommé le Desforges, qui apparut le septième jour à l’horizon, avec une voile haute peinte en noir, signal convenu entre lui et le général.

Béniowski, persuadé du succès de ce stratagème, avait cessé