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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/143

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conde vue pour s’écrier, en d’autres termes que la comtesse : « Voici le secours de Dieu ! » Virant de bord, il courut droit sur le Roland, s’y fit jeter par son canot, fut reçu à l’escalier de commandement par le baron de Luxeuil, qu’il salua militairement sans feindre de le reconnaître, et n’eut ensuite aucune peine à convaincre Kerguelen de la machination ourdie contre Béniowski par une troupe acharnée d’ennemis dont, par parenthèse, faisait partie le capitaine de frégate commandant en second du Roland.

Kerguelen écoutait attentivement, après avoir ordonné de charger de toile à tout rompre ; – le baron de Luxeuil se sentait assez mal à son aise ; – le major Vincent du Capricorne clignait de l’œil, frisait sa moustache, caressait sa rapière, mais ne perdait pas son temps à la bagatelle. Avant tout, il fallait sauver Béniowski et l’expédition de Madagascar.

Une fois dans la baie, le chevalier du Capricorne ajouta :

— Commandant, vous pouvez, de vos propres yeux, voir ce qui se passe. Voici, mordious ! le dernier acte de la tragédie ; on arrête notre colonel ; on va disperser la légion, faire avorter l’entreprise, et laisser massacrer la troupe de vaillants compagnons dont j’avais l’honneur de vous raconter les aventures tout à l’heure.

— Je connais les plans du comte de Béniowski… Je veux avant tout le bien du service… J’ai horreur des traîtres et des lâches… Enfin, monsieur le major, je n’ai qu’une parole !… À Versailles, j’ai dit au général votre colonel qu’à mon bord je serais seul maître… Une cornette de chef de division flotte à la tête de mon grand mât et j’ai cent canons à mes ordres.

Le vaisseau et la frégate, sans modérer leur vitesse, passèrent sous les forts, puis mirent brusquement en panne, l’un à tribord, l’autre à bâbord du Postillon, dont l’ancre allait tomber, mais ne tomba point, car le Roland appuya d’un