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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/154

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accueilli en hôte envoyé de Dieu et n’eût pas rencontré dès le premier pas des obstacles affligeants.

Louisbourg s’éleva néanmoins en dépit de la guerre d’embuscades et des assauts réitérés des tribus d’alentour.

Le 23 février 1774, devait être mémorable dans les fastes de la petite colonie militaire.

Une forte brise soufflait du sud, le ciel était sans nuages, le temps sec, la température étouffante, – peu après le coucher du soleil les sentinelles jetèrent le cri d’alarme. – Du côté du vent, parut une multitude innombrable de Sambarives et de Zaffi-Rabès, poussant devant eux, des troupeaux entiers de bœufs attelés à des amas de bois morts et de bambous liés en fagots.

Siloulout qui dirigeait l’expédition y fit mettre le feu. Une épaisse fumée aveugla les Français ; la brise poussait les flammes dans leur camp ; les palissades et les toitures, les tentes, les baraques et les affûts des canons furent bientôt atteints par l’incendie. D’effroyables détonations, semblables à des décharges d’artillerie éclataient ; et les taureaux furieux mugissaient dans les fossés où ils entraînaient avec eux des masses énormes de combustibles.

Le sieur Vahis, ses registres sous le bras, était sorti de l’enceinte à la faveur du tumulte ; il courait vers la rivière pour prendre asile à bord du Postillon.

— Ce Siloulout, pensait-il, est un gaillard qui s’entend fièrement à exécuter mes petites inventions. Béniowski, Capricorne, Rolandron et compagnie, tirez-vous-en, si vous pouvez !… Louisbourg, grâce à moi, n’aura pas fait long feu !…

Béniowski, cependant, évacuait la place.

— Rôtir comme des canards ! mille cornes de licornes ! disait tout bas le chevalier. Non, mordious ! camarades !… gagnons le vent !… à plat ventre… nom d’un tonnerre !… En