Aller au contenu

Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« – Rozai, répondis-je avec assurance, a déjà reçu ce message.

« En effet, Franche-Corde avait dû faire inviter Rozai à venir conférer avec lui au Fort-Auguste. Je trouvai d’abord cette démarche inutile et même compromettante ; elle pouvait, à cette heure, me servir puissamment dans le kabar des chefs d’Antimaroa.

« – Va ! dis-je à Raoul, engage les Zaffi-Rabès et les Sambarives à repousser de perfides conseils ; annonce-leur que je ne tarderai pas à les convoquer en assemblée générale.

« Aussitôt après, je fis appeler Alexandre de Nilof, je lui donnai mes instructions, et dès que le soleil fut couché, il partit ventre à terre pour Fort-Auguste avec ordre de revenir la nuit suivante. Vent-d’Ouest et Jupiter, montés sur d’excellents petits chevaux arabes achetés chez les Zaffi-Hibrahim, escortaient Alexandre, qui remplit parfaitement sa mission.

« Franche-Corde envoya immédiatement à la recherche du roi Rozai une dizaine de ces adroits bateleurs noirs, dont vous connaissez la caste, méprisée comme infâme, mais choyée comme divertissante et propre à tous les métiers.

« Certains de ces ompissas, véritables bohémiens, vont de province en province et de royaume en royaume, malgré les plus grandes distances. Franche-Corde en reconnut qu’il avait autrefois vus aux alentours du Fort-Dauphin ; il leur proposa de se mettre à nos gages. – J’eus, à partir de ce moment, des espions précieux, que je payai grassement, tout en me défiant d’eux. Un auli ou barbier, charlatan, arracheur de dents et marchand d’abominables drogues, de la caste des ompissas, devait amener le roi déchu chez mon brave Franche-Corde.

« D’un instant à l’autre, la guerre risquait d’éclater. Je passais des nuits affreuses, maudissant tour à tour l’incurie du