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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/185

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Rafangour et au chef Raoul qui m’apportaient des nouvelles rassurantes.

« L’arrivée de Rolandron ne fut pourtant pas inutile. J’avais besoin d’un capitaine expérimenté pour châtier Mahertomp, Raboët et Campan. En huit jours, vingt Français et trois mille de nos alliés, redevenus fidèles, ont balayé les deux rives de la Tingballe, et fait douze cents prisonniers dont les deux tiers me furent livrés. Je conservai pour travailler à nos routes les moins dangereux et j’affranchis en même temps tous ceux de mes premiers esclaves qui me parurent dignes de recevoir la liberté. Les terres conquises sur les rebelles devinrent leur partage. Je puis, à l’avenir, compter sur eux.

« L’abolition de l’infanticide, qui nous avait conquis les ardentes sympathies de toutes les femmes, décida les Zaffi-Hibrahim, jusque-là neutres et sur la défiance, à se prononcer en ma faveur. Ce fut là une nouvelle récompense du mouvement généreux de Salomée, car ils ne le cèdent en vaillance à aucune autre race et l’emportent sur toutes les autres en sentiments honnêtes.

« Le vénérable Eliézer, que j’aime à comparer au fidèle serviteur d’Abraham, dont il porte le nom et presque le costume, introduisit devant moi les six principaux philoubés de l’île Sainte-Marie ou des rivages d’Antongil :

« – Ils voyaient enfin par eux-mêmes que j’étais un homme juste, droit et craignant Dieu. Ma conduite envers les payens leur était connue ; la destruction de la plus horrible coutume des Malgaches de la Grande-Terre, l’humanité avec laquelle je traitais mes esclaves et ma religion à tenir mes engagements leur prouvaient que j’avais été calomnié par des méchants méprisables. Sans se soucier de savoir si j’étais ou non de la race du prétendu prophète Ramini, sans s’inquiéter de mes croyances plus que de mon origine, ils se contentaient d’avoir