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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/191

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jamais privée des moyens de regagner la confiance des naturels.

« À Foule-Pointe, j’avais indirectement reçu la nouvelle de la mort du roi Louis XV et de l’heureux avènement du roi Louis XVI au trône. J’appris en même temps qu’il y avait eu des changements dans le ministère. Loin de concevoir des espérances, je craignis encore que ce ne fût une cause de plus pour différer l’envoi des secours que j’attendais.

« La fièvre dont je m’étais débarrassé par l’emploi de remèdes violents m’aurait repris sans doute sans ces paroles de Salomée :

« – Maurice, ne te laisse point abattre !… – Au commencement de cette année, je t’ai guéri en t’annonçant la paix !… – Je te jure aujourd’hui que tu pourras faire la guerre, réduire les Sakalaves et affermir ton autorité !

« Comme un enfant que consolent les caresses d’une mère, je me pris à lui sourire avec une confiance irréfléchie.

« – Mais où puises-tu ta confiance ?

« – Dans ma foi, dans mon amour, dans mon cœur !… Et aussi dans l’opinion que j’ai de nos amis. – Le ministre te manque de parole et t’oublie ; mais Richard, Aphanasie et leur mère ne nous oublient pas !… Celui qui armait la Douairière pour te délivrer d’esclavage, alors qu’il n’était encore qu’un ami ordinaire pour toi, ne t’abandonnera pas aujourd’hui qu’il te doit tout son bonheur !

« Elle achevait de parler lorsqu’une voile dorée par les premiers rayons du soleil levant apparut à l’horizon.

« L’Aphanasie, qui avait relâché l’avant-veille au Fort-Dauphin, côtoyait de près les promontoires de Tamatave où, d’après le major, je devais être encore.

« J’arborai le pavillon de reconnaissance en tirant trois coups de canon. Le signal aperçu, le navire que vous m’envoyiez, mes nobles amis, entra en rade.