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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/236

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— Messieurs les commissaires du roi, dit-il, vous êtes chez vous désormais ; je me retire.

— La frégate la Consolante est à vos ordres, dit gracieusement M. de Bellecombe.

— Je fixe ma résidence dans l’île de Madagascar, ma nouvelle patrie, répondit Béniowski.

Il mit en même temps à son chapeau une cocarde bleue, se fit dépouiller par Vasili de ses insignes de général français, et jeta sur ses épaules un manteau de laine blanche, semblable au burnous des chefs arabes et africains. Un cheval l’attendait.

La comtesse, Wenceslas, Alexandre de Nilof, l’ingénieur polonais Ubanowski et le brave Vasili montèrent aussi à cheval. – Les fourgons s’ébranlèrent.

Par les ordres du maréchal-de-camp, gouverneur provisoire, les tambours battirent aux champs, la garnison présenta les armes et l’artillerie fit une salve de vingt et un coups de canon.

Lorsque Béniowski, violemment ému, passa devant le front de la troupe, le major Vincent du Capricorne salua de l’épée en criant :

— Vive Râ-amini !

Tous les soldats français poussèrent le même cri ; M. de Bellecombe, fort surpris, se tourna vers eux.

— M. le major, demanda-t-il au chevalier, que signifie ce nom étrange ?

— Ce nom, général, est désormais celui du roi des rois de Madagascar.

Le maréchal-de-camp tira son épée, fit battre un ban et dit :

— Officiers, sous-officiers et soldats, au nom du roi, il vous est ordonné de reconnaître pour seul et unique commandant des troupes et forts de Madagascar le major Venturel, ici présent.

Quelques murmures se firent entendre.