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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/250

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mille âmes !… Et mon sang bout !… Dix-huit mois ! dix-huit mois de patience ! dix-huit mois avant d’escalader ma place du Fort-Dauphin ! car j’aurais beau envoyer un millier de paires de gants à maître Stéphanof, je suis bien certain que le drôle ne mettrait pas les pieds sur les glacis… D’ailleurs, j’ai juré à Flèche-Perçante de ne plus me battre en duel… J’ai cependant joliment troussé le petit baron, foi de monarque !

Ce monologue dura cent cinquante lieues, tout en traversant le pays des Zaffi-Rabès, des Antavares et des Mahavélous, sur les frontières desquels s’élevaient les colonnes dressées en l’honneur de l’ampansacabe Maurice-Auguste Râ-amini. – Dans les montagnes des Fariavas, sur les territoires des Bétimsaras et des Bétanimènes, jusqu’à Matatane, pays des Zaffi-Casimambous et des Antacimes, continua ce monologue. Mais là, tout à coup, Capricorne se dérida :

— Sandis ! cadédis ! Flèche-Perçante, ma femme, votre royal époux n’était qu’un sot !… Vive la gaîté ! les Français n’en manquent pas !… C’est toi que je vais charger de reprendre le Fort-Dauphin !

D’une voix sonore, le roi de Madagascar entonna la chanson en vogue :

Mâtin ! oh le chien de vaurien
Qui fait plus de mal que de bien !…

Gaîté, tu perdis Jean de Paris qui, en revenant de sa noce, trouva les portes du Fort-Dauphin fermées… Gaîté, tu nous les rouvriras ! Je m’entends !… – Nous tiendrons notre cour, Madame, dans la vallée d’Amboule, pays charmant. Je veux, d’ici à dix-huit mois, que la garnison du commandant Stéphanof soit approvisionnée de bœufs à bosses succulentes, ait à discrétion des vivres frais, et surtout du vin de palme.

Après quoi, ma Vénus d’olive, nous donnerons un bal,