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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/263

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pontons d’Angleterre ; mais, par la permission de Dieu, elle accomplit son grand dessein :

— Haïr, c’est souffrir ! Maurice, – lui dit-elle, – souviens-toi de ce qui nous a unis, afin que nous ne soyons pas séparés au-delà de la vie terrestre. Je suis venue mourir entre tes bras pour arracher de ton âme la haine impie, pour y faire renaître l’amour, la foi, l’espérance et la charité. Vas à Madagascar tenir tes serments, mais n’oublie point nos desseins. Que ma mémoire soit ton guide et t’inspire à toute heure. Pacifier, évangéliser, convertir ! Plante la croix, Maurice, afin que dans l’éternité nous nous retrouvions au sein de Dieu.

Elle adjurait son fils Wenceslas de se pénétrer de ses vœux suprêmes, qu’elle exprimait encore en recevant les derniers sacrements.

Comment Béniowski, quels que fussent ses griefs et ses sourdes colères, aurait-il pu résister à des adjurations si tendres et si saintes ? Comment ne se serait-il pas rendu aux supplications chrétiennes de sa compagne bien-aimée et n’aurait-il pas renouvelé sur la tombe de Salomée le serment qu’il lui fit avant qu’elle fermât les yeux, lorsque, du reste, le résultat de ses premiers efforts avait été déjà considérable au point de vue de la propagation de la foi.

Dès le 9 juillet 1775, le ministre de la marine, M. de Sartines lui-même, invitait, au nom de l’intérêt de la religion, le supérieur général des prêtres de la mission résidant à Paris, à envoyer quelques missionnaires à Madagascar ; et cela, par suite du commencement d’organisation dû à Béniowski[1].

Un éminent propagateur de la foi muni d’un bref apostolique pour sept ans, le père Durocher, fut en conséquence envoyé

  1. Le P. de la Vayssière, hist. de Madagascar, ses habitants et ses missionnaires. T. I, p. 22.