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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/266

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armateur qui la dirigeait, par quelques-uns de ses derniers compagnons de captivité, officiers honorables et distingués dont l’opinion était d’un grand poids, ses propositions ne furent pas repoussées. Mais, pourtant, on demanda le temps de les examiner avec soin ; l’affaire était fort lourde et singulièrement chanceuse.

D’une part, le comte s’engageait non-seulement à ouvrir aux Américains un débouché commercial des plus importants, mais encore à rembourser tous les frais d’armement, et à acheter navire et cargaison, dès qu’il se serait fait reconnaître par ses sujets et alliés de Madagascar ; – mais, d’autre part, il ne voulait, ou plutôt il ne pouvait coopérer que pour un tiers aux premiers déboursés ; il demandait un navire de quatre à cinq cents tonneaux, vingt gros canons, six pièces de campagne, douze pierriers et des marchandises pour un millier de livres sterling. Il enrôlerait cent aventuriers qu’il prenait à sa solde et se réservait le commandement en chef, en mer comme après le débarquement.

On hésita jusqu’au jour où Scipion-Marius Barkum, capitaine de l’Intrépide, revint d’on ne sait quels parages et fut consulté par ses patrons comme connaissant à fond les mers de l’inde.

— Béniowski, le roi des rois ! s’écria le Hollandais, je lui ai livré combat dans le canal de Formose, et l’ai plus tard, pour mes péchés, retrouvé à Madagascar !…

— À merveille !… que pensez-vous des talents de M. de Béniowski ?

— C’est un rude général ! – Excellent marin, meilleur militaire si c’est possible, et qui s’entend mieux que personne à électriser ses troupes, à fanatiser ses peuples…

— Et que pensez-vous de Madagascar ?

— Eh ! eh ! fit Barkum, si les Arabes d’un côté et les Fran-