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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/274

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sa bouche la cruelle histoire des aventuriers du Fort-Dauphin. Ne sachant plus où les rejoindre, redoutant également les Français de la nouvelle garnison, les Buques et les Sakalaves du Midi, le général se dirigea sur la côte d’Afrique où l’on jeta l’ancre à l’embouchure de la Sofala, près du petit établissement portugais du même nom.

En ce pays de traite, les pavillons les moins reconnus pouvaient être arborés sans qu’on eût à craindre la susceptibilité des autorités militaires ; – mais en revanche les plus respectables couleurs y décoraient souvent la poupe d’un négrier à main armée. La bannière étoilée des États-Unis d’Amérique, encore nouvelle sur la côte, n’attira donc aucun désagrément à l’Intrépide, que son artillerie rendait suffisamment redoutable pour que forbans et pirates n’eussent aucune envie de se frotter à lui.

Vasili fut envoyé aux renseignements. – Comme son maître, il parlait un peu toutes les langues ; le malagazi lui était familier, et l’on doit à Sofala rencontrer des gens de l’île voisine ; mais il eut la bonne fortune de recueillir tout simplement en français les documents qu’il venait chercher. Car il rencontra au cabaret une ancienne connaissance de l’Aréthuse et la Pomone, le patron Trousseau, qui arrivait directement de l’Ile-de-France sur un brig des moins inoffensifs. Tout flibustier est disert, Trousseau fit à Vasili un cours complet de politique malgache.

Béniowski, dès le lendemain, lui faisait offrir cent piastres et un enrôlement à bord de l’Intrépide :

— Ça me va ! dit le patron qui comparut presque aussitôt en présence du général lui-même.

D’après lui, toute la province d’Anossi était soumise aux Français ; Capricorne Ier n’y exerçait plus aucun pouvoir, et l’on ne savait guère où il avait passé. Dans l’Est, même révolution ; les Français occupaient Sainte-Marie, Foule-Pointe, Tamatave…