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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/276

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Hélas ! au lieu de rencontrer pour premier auxiliaire un roi malgache capable de l’aider, il allait se trouver en face d’un chef malheureux, qui, par deux fois, avait perdu le rang suprême dans le pays de Sakalaves.

Rozai, détrôné primitivement par Cimanour, puis rétabli sur les Sakalaves de l’Est, grâce à Béniowski, était rentré plus tard dans Boyana ; mais la ligue des rois et des chefs formée au nom de Râ-amini s’étant dissoute, il ne put se maintenir par ses propres forces, il fut expulsé de nouveau ; maintenant, il s’estimait heureux d’être le chef d’une humble bourgade protégée par les armes du roi du Nord Lambouin, dont il s’était déclaré le tributaire.

Béniowski, sans quitter son bord, avait appris tous ces détails de la bouche d’un indigène qu’il chargea d’un message secret pour le chef de la peuplade. Ensuite, il donna l’ordre de procéder au débarquement des troupes, des armes et des munitions de guerre.

Quatre petits canons seulement furent laissés au capitaine Barkum pour la défense du navire, – ce qui ne laissa point que d’inquiéter assez sérieusement le malheureux Hollandais américanisé :

— Quatre canons ! pas davantage ! Mais quelle figure ferait l’Intrépide s’il était attaqué par l’un de ces bâtiments de mauvaise mine qu’on avait vus à l’ancre devant Sofala ?

— M. Barkum, répondit Béniowski, les pirates ne perdent pas leur temps contre un bâtiment sans cargaison et qui peut au résumé se défendre. Ceux de ces parages ne dépouillent guère que des négriers chargés de nègres ; vous ne serez pas attaqué. D’ailleurs, j’ai tout autant d’intérêt que vous à ne point laisser capturer l’Intrépide. Restez donc à l’ancre dans cette baie et attendez-y mes ordres.

Le chef Sakalave Rozai, en apprenant le retour inespéré du