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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/28

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confédérés et se faisait remarquer chaque jour par son insouciante audace.

Les Français, les Hongrois, les Suédois et les Lithuaniens, qui se trouvaient dans les rangs de la confédération, recherchaient comme un honneur d’être placés sous les ordres du comte et de ses deux amis, dont la colonne expéditionnaire décida plusieurs fois de la victoire.

À Cracovie, les salons de la comtesse étaient le centre des réunions les plus brillantes ; les rares instants que la guerre laissait au comte de Béniowski rappelaient les heureux jours du château des Opales.

Vinrent les jours néfastes, et enfin celui où Salomée prit le deuil, avec la résolution de ne le quitter qu’après avoir retrouvé son époux. Trois cœurs généreux unirent alors leurs yeux ardents et leurs efforts.

Vasili découvre que son maître, grièvement blessé, vient d’être expédié à Kiow. Déguisé en juif allemand, le fidèle serviteur franchit la frontière russe. À Kiow, on lui dit que de nombreux convois de prisonniers polonais sont internés et dirigés sur Kazan. Il s’y rend malgré mille obstacles pour y apprendre, comme par miracle, que le comte de Béniowski et le major Windblath ont été déportés en Sibérie. Tous les convois sans exception sont dirigés sur Tobolsk. Peu lui importent les périls d’un tel voyage. Il s’aventure au hasard dans les monts Poïas, dont la politique ombrageuse de Catherine II devait changer le nom en celui de monts Ourals. Il est, cette fois, déguisé en mineur. Une horde de Kalmouks ne tardera pas à être son refuge. Une bande de bohémiens le protégera plus tard. Il finit par atteindre Tobolsk sous la respectable apparence d’un marchand turc. Là, le souvenir du séjour du général Béniowski est récent encore. Vasili ne craint pas de se confier à la générosité du comte Denis Csecserin, gouverneur de la Sibérie, qui, touché