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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/294

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vière de Saint-Augustin. Ils y périrent misérablement pour avoir essayé de rester neutres dans les querelles des indigènes qui les traitèrent de lâches et leur refusaient des vivres, On suppose qu’ils finirent aussi par être égorgés.

Quant aux Français qui avaient suivi de près les Portugais au delà du cap de Bonne-Espérance, ils naviguaient dans les mers indiennes et abordaient à Sumatra dès 1529. – Les frères Jean et Raoul Parmentier, du port de Dieppe, firent un mémorable voyage avec deux bâtiments, le Sacre et la Pensée, et relâchèrent à Madagascar, où leur séjour fut malheureux, car les indigènes leur tuèrent quelques matelots.

En 1602, deux navires malouins, le Croissant et le Corbin, équipés par une compagnie de marchands bretons, abordèrent dans la baie de Saint-Augustin sous les ordres de Michel Frotet et de François Groult du Clos-Neuf ; ils visitèrent l’archipel des Comores, et séparés par la tempête, eurent des fortunes bien diverses. Le Corbin fit naufrage aux Maldives ; le Croissant, durant cinq ans de navigation, n’eut que mauvaises fortunes. Leur insuccès néanmoins ne découragea pas les Bretons. Aussi continuèrent-ils à prendre la route des Indes-Orientales, et les vit-on à fréquentes reprises sur les côtes de Madagascar. Les Normands, de leur côté, marchaient sur les traces de Gonneville et des frères Parmentier.

Leur expédition la plus remarquable fut celle d’Augustin de Beaulieu, qui partit de Honfleur avec trois navires, le 2 octobre 1619. – Le général, – tel était le titre qu’il prenait, – commandait en personne le Montmorency, monté par cent vingt-six hommes et armé de quarante-quatre bouches à feu de divers calibres. Il avait sous ses ordres l’Espérance, capitaine Gravé, portant cent dix-sept hommes, vingt-six canons et vingt pierriers, et la patache l’Hermitage, capitaine Redel, portant trente hommes et seize pièces d’artillerie. Après plusieurs relâches, le 26 avril 1620, une tempête mit le Montmorency en tel état que le général, laissant prendre les devants à l’Espérance, alla, de conserve avec la patache, se réparer à Madagascar, dans la baie de Saint-Augustin. Augustin de Beaulieu, judicieux explorateur, ne négligeait aucune occasion de