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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/314

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peu s’en fallut qu’Albrand ne fît prédominer par lui l’influence française ; de mesquines économies administratives l’empêchèrent de remplir sa mission diplomatique, et les Anglais un moment troublés eurent tout lieu de s’en applaudir.

En 1823, Radama marcha résolument à la conquête de la côte Orientale ; le nouveau commandant de l’île Sainte-Marie, M. Blévec, protesta contre ses déprédations avec la plus grande vigueur, mais ne put que se maintenir au poste qu’il défendait.

Presque tous les points commerciaux occupés par des Français furent confisqués, et enfin, en février 1825, les Hovas expulsèrent du Fort-Dauphin un faible poste commandé par le comte de Grasse simple lieutenant d’infanterie. Ce malheureux officier eut la douleur de se retirer devant une armée entière, et réduit au désespoir dut être transporté mourant à l’hôpital militaire de Saint-Denis, (île Bourbon).

De son côté mourut prématurément, en décembre 1826, Fortuné Albrand, qui avait merveilleusement servi et contribué plus que personne à faire prospérer Sainte-Marie, où il s’était rendu depuis 1822.

Radama continuant à être hostile, prit des mesures perfides pour nous contraindre à évacuer ce dernier territoire. En même temps, toutefois, comme s’il eût été tenté de changer de politique, ce fut d’un Français, le sergent Robin, qu’il fit son généralissime en créant pour lui le grade de maréchal, et peut-être alors aurait-on été en mesure de traiter avec lui d’une manière utile à l’influence française, s’il n’était mort le 27 juillet 1828, à l’âge de trente-sept ans.

Il avait désigné l’un de ses neveux pour lui succéder ; mais les idolâtres, partisans des vieilles coutumes et profondément ennemis des tentatives civilisatrices du roi défunt, firent proclamer reine sa femme Ranavalo dont le long règne, qui débute par des crimes, n’est qu’une série d’atrocités.

La modération des Français avait été mise à l’épreuve par trop d’avanies, une expédition fut dirigée sur Madagascar sous le ministère de Hyde de Neuville. Le 19 mai 1829, l’île Sainte-Marie devint le centre d’un mouvement maritime et militaire très bien entendu, mais insuffisant. Faute des moyens