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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/40

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— Pas si béni que çà !… je t’en fiche qu’il est béni cet outil !… Donc, m’est avis que monseigneur l’évêque a eu connaissance de la chose ; et si la Pomone est aux noces, ça m’étonnerait… Voilà !…

— L’ancien, demanda un novice, vous parlez bien, mais on ne vous entend pas tous les jours.

— Je m’entends, ça m’est suffisant, jeune ver de cambuse ! Si le diable est pour ce Maudit-ou-ce-qu’il-dit, moi je dis que l’évêque est venu enseigner à notre commandant une prière, en façon de miracle, à l’effet de l’envaser…

— Oh ! les anciens ! les anciens ! sont-ils bouchés avec leur Nathan-la-Flibuste ! dit le novice, qui était Lorrain, incrédule et railleur, mais assez prudent pour ne faire qu’en a parte ses irrévérencieuses réflexions.

Aussi le vieux de la cale développait-il tout à son aise ses fantasques opinions au milieu d’un cercle de Bas-Bretons ébahis.

Ordre avait été donné de doubler le nombre des hommes de bossoir ou de vigie, de ne laisser passer aucun navire sans prévenir le commandant et surtout de signaler la Pomone, dès que l’on croirait l’apercevoir.

Le troisième jour, au lever du soleil, la vigie de misaine cria : – « Voile ! »

Peu d’instants après, la Pomone fut reconnue. Le commandant fut informé qu’elle traînait à la remorque une jonque chinoise.

L’Aréthuse se chargea de toile en déferlant un pavillon qui ordonnait à l’autre frégate de mettre en panne.

— Voilà du nouveau ! par exemple !… dit aussitôt le grand causeur du gaillard d’avant. – Elle en panne ! Nous en route !… Le monde renversé, quoi !…

Mais le commandant Cerné de Loris avait les plus graves