Aller au contenu

Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À l’unanimité des voix, attendu que le rapporteur n’avait pas voix délibérative, cette première question fut résolue affirmativement.

— Deuxième question, Messieurs : – « Y a-t-il lieu de poursuivre ? »

L’enseigne de vaisseau de la Pomone, obligé de se prononcer le premier en sa qualité de plus jeune, se dit que son chef direct était le baron de Luxeuil, ennemi évident de Béniowski.

— Je crois que oui, murmura-t-il d’une voix mal assurée.

Cette réponse timide ne satisfit qu’à demi le baron, mais déplut souverainement au commandant en chef, qui classa le jeune officier dans la détestable catégorie des courtisans.

L’enseigne et le lieutenant de l’Aréthuse ainsi que le lieutenant Kerléan dirent ensuite.

Non ! il n’y a pas lieu de poursuivre.

Le commandant Cerné de Loris, dont la voix prépondérante eut départagé le conseil en cas de doute vota le dernier.

— Non, il n’y a point lieu à poursuivre, dit-il, et, s’adressant aussitôt au baron de Luxeuil :

— Monsieur, vous n’avez rempli aucun de vos devoirs, vous vous êtes rendu coupable d’actes indignes d’un officier de la marine du roi, je vous démonte de votre commandement.

Luxeuil vomit des injures. Pour le contraindre, à se rendre aux arrêts, il fallut appeler la garde. Et le spectacle inouï de son arrestation produisit à bord un effet d’autant plus saisissant, que déjà l’assemblée avait été battue et que l’équipage de la Pomone était en rangs sur les gaillards.

Le père Trousseau et ses canotiers appartenant à l’Aréthuse avaient seuls été libres de former un groupe de causeurs rassemblés sur le petit tillac ; le vieux patron étendit le bras droit, leva le pouce et l’index et dit tout bas :