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Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/76

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madame votre mère et votre jeune frère Alexandre, c’est là que nous le retrouverons !

— C’est là qu’enfermée dans un cloître je consacrerai à Dieu les jours que je lui destinais !… dit Aphanasie en versant des larmes. Je ne sais par quel miracle j’ai pu être épargnée… C’était sans doute pour que la fille de M. de Nilof pût porter témoignage en faveur de Béniowski… Ma tâche est accomplie, maintenant !… Ah ! je voudrais mourir !…

Elle était inconsolable !… elle ne permettait plus qu’on essayât de la consoler !

Cependant le baron de Luxeuil, aux arrêts dans son appartement, n’ignorait rien de ce qui faisait la joie de ses gens. Sa fureur secrète augmentait ; il combinait un système d’accusation contre M. Cerné de Loris, Béniowski et tous leurs adhérents.

Par les fenêtres de sa galerie, il avait vu Aphanasie descendre dans le canot de l’Aréthuse ; ensuite, il avait entendu les hourras de l’équipage.

— J’y suis ! madame Estève Finvallen, pour sauver le pirate Béniowski, a usé de sa grâce et de ses charmes. Voilà des arguments parfaits.

La base d’un vaste échafaudage de calomnies était posée ainsi ; le baron de Luxeuil recouvrait toute confiance.

Lorsque le chef d’état-major lui fit remettre l’ordre en vertu duquel il était renvoyé en France :

— Très bien ! s’écria-t-il, je plaiderai ma cause moi-même à Paris, et nous verrons qui l’emportera de moi ou de ce misérable aventurier polonais !

Sur l’avant comme sur l’arrière des deux frégates en route pour leur point central de station les relations d’aventures n’ayant cessé de se succéder, l’on n’y manqua point de celle du