Aller au contenu

Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

après tant de catastrophes, après la perte de tant de braves compagnons, ceux-ci tués par l’ennemi, ceux-là emportés par la mer, les uns écrasés sous les débris de la corvette, les autres tombés sous la fusillade des Chinois ?

Un travail opiniâtre devait bientôt faire diversion à la douleur générale, sur le lieu même du sinistre, devant ces rochers maudits, où le Saint-Pierre et Saint-Paul avait été fracassé.

La jonque, qui remorquait encore l’un des radeaux, mit en panne au large des brisants, et l’on attendit la marée basse pour procéder à un sauvetage très habilement dirigé par le chevalier du Capricorne. – On retrouva plus de canons que n’en pouvait porter le navire pris aux îles Pouhou ; on repêcha une foule d’objets utiles ou précieux, dont une partie provenait d’autres naufrages que celui du Saint-Pierre et Saint-Paul.

— Qu’est ceci ? de par le diable ! s’écria le capitaine du Capricorne en mettant la main sur un coffre chinois cerclé en fer et fermé à dix serrures : – Embarque sur le radeau ! À bord, nous verrons bien !

Cette épave devait compenser largement toutes les pertes en fourrures et en articles du Japon éprouvées par les associés, car le coffre était presqu’entièrement rempli de doublons d’Espagne, soit qu’il provînt du naufrage d’un galion, soit qu’un navire chinois se fût perdu dans les mêmes parages en revenant des Philippines.

Béniowski voulut que tout l’or fût immédiatement partagé entre les gens du navire, mesure équitable, qui eut les meilleurs résultats.

Au bout de trois fois vingt-quatre heures, la Pescadora, prit la route des îles Philippines, où Béniowski s’était enfin décidé à relâcher, malgré l’esprit ombrageux du gouvernement espagnol.