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Page:La Morlière - Les Lauriers ecclésiastiques.djvu/93

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concourût, sans quoi le Saint faisoit manquer la récolte, mourir les bestiaux, acoucher les femmes avant terme, & mille autres disgraces terribles que mes humbles Confreres annonçoient amicalement, & comme de la main à la main, ce qui échauffant la charité des fidéles, faisoit arriver la prétendue provision du Saint, dont la moitié se métamorphosoit en vin, & le reste en meubles de basse-cour.

Mes Confreres à l’abri de cette petite dévotion, d’un revenu honnête & de leur petit nombre, menoient une vie animale assez heureuse : d’ailleurs leurs amusemens consistoient à aller chasser avec tous les houbereaux du voisinage, chez qui ils s’établissoient en vrais enfans de la sainte Eglise, c’est-à-dire qu’une légion de Diables ne les en auroit pas fait désemparer : ils cajolloient les femmes, & s’enyvroient avec les maris, se prétoient