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Page:La Nature, 1873.djvu/100

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LA NATURE.

sités de tous les instants ! Cependant une semblable étude est à peine cultivée, les faits dont elle abonde sont presque complètement ignorés. On a, depuis longtemps il est vrai, compris l’importance d’initier le public aux secrets de l’industrie, et chaque jour de louables tentatives sont faites dans ce sens par des publicistes compétents. Mais on ne saurait trop féliciter ceux qui se vouent ainsi, à la propagation des connaissances utiles ; aussi, signalerons-nous à nos lecteurs un savant professeur, M. Paul Poiré, qui a récemment publié un magnifique ouvrage, certainement destiné à combler une grande lacune dans les bibliothèques des véritables amis du progrès.

L’auteur aborde tous les chapitres de ce vaste livre de l’industrie moderne : arts métallurgiques, industries de l’alimentation, du vêtement, du logement, de l’ameublement sont successivement passés en revue. Au lieu de déflorer ce bel ouvrage en nous bornant à en donner le sommaire, nous préférons en extraire quelques pages, accompagnées de belles gravures qui les élucident. Voici notamment ce que dit l’auteur en parlant du marteau-pilon, ce gigantesque outil de la métallurgie du fer, marteau formidable, qui frappe avec une violence extraordinaire les énormes masses de fer rougies au feu, employées par nos industries modernes.


Machine à gaufrer le velours d’Utrecht.

« Ce puissant appareil de percussion, qui est très-employé maintenant dans les forges et dans les ateliers de construction, est représenté par la figure ci-contre. Il se compose d’une masse en fonte dont le poids varie de 3 000 à 5 000 kilogrammes ; il peut glisser entre des colonnes verticales. À sa partie supérieure est adaptée une tige de fer, qui est en même temps la tige du piston d’une petite machine à vapeur superposée au bâti de l’appareil. Un levier manœuvré par un ouvrier spécial permet de faire entrer la vapeur sous le piston. Par sa force élastique, elle soulève le marteau, et lorsqu’il est arrivé au haut de sa course, l’ouvrier, agissant une seconde fois sur le levier, met la partie inférieure du cylindre en communication avec l’air extérieur. La vapeur s’échappe au dehors, et le marteau retombe de tout son poids sur l’enclume où l’on place la loupe de fer à cingler. Le marteau-pilon constitue un outil remarquable par sa puissance, par la rapidité de son action et par la facilité avec laquelle on le gouverne. L’ouvrier qui manœuvre le levier peut, en réglant la sortie de la vapeur, faire descendre le marteau avec la rapidité ou la lenteur nécessaire. Pour donner une idée de la sensibilité de cet appareil, nous dirons qu’il peut boucher, sans la briser, une bouteille de verre posée sur l’enclume.

« L’ouvrier cingleur, placé près du marteau-pilon, saisit avec de fortes pinces la loupe de fer apportée