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Page:La Nature, 1873.djvu/141

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LA NATURE.

dégagée entre le bouclier extérieur et la paroi déjà établie, — section que le tube de tôle protège en attendant contre l’éboulement ou l’inondation.

Un second tunnel sous la Tamise.

Le bouclier du tunnel de Brunel pesait cent vingt tonnes et portait trente-six ouvriers. Le bouclier du tunnel de Barlow pesait deux tonnes et demie, portait trois ouvriers et avait 2m,44 de diamètre. Le tunnel de Brunel a été revêtu d’un mur en briques, celui de Barlow d’une paroi de fer formée d’anneaux de 45 centimètres de longueur ; chaque segment étant divisé longitudinalement à son tour en quatre parties dont trois d’égales dimensions, et une quatrième n’ayant que 38 centimètres de largeur et servant de clef de voûte. Quand on fait glisser le bouclier entre le sol et le revêtement de fer intérieur, il reste entre ces derniers un vide au moins égal à l’épaisseur du tube protecteur du bouclier ; ce vide se remplit à l’aide d’un coulis de chaux hydraulique que l’on injecte par un trou ménagé au centre de chacun des segments des anneaux successivement juxtaposés.

Le tunnel de Brunel est sensiblement horizontal, celui de Barlow est légèrement concave, en sorte que son point le plus profond est au centre.

Le nouveau tunnel réunit la place de Great Tower hill, en amont de la Tour de Londres, à la rive méridionale de la Tamise, faubourg de Southwark. De forme tubulaire, il n’a que 2m,10 de diamètre intérieur, sa longueur est de 396 mètres ; on y descend par deux puits de 3 mètres de diamètre et 18m,25 de profondeur. Projeté en 1868, il a été achevé en avril 1870. À l’origine, les passants étaient descendus dans un salon mobile, mû par un monte-charge, entraient au niveau du tunnel dans un omnibus, mis en mouvement par un câble de fil de fer, et, après avoir passé sous la Tamise en wagon, trouvaient à l’autre extrémité un second ascenseur qui les ramenait au jour. Les deux monte-charges et le câble auquel était lié l’omnibus étaient actionnés par deux machines de quatre chevaux chacune, une au fond de chaque puits. C’était le plus petit chemin de fer du monde. Y compris la montée et la descente, le trajet total durait trois minutes et coûtait un penny.

S’est-il présenté inopinément une impossibilité matérielle d’exploitation, les dépenses n’étaient-elles pas en rapport avec les recettes ? Je l’ignore ; toujours est-il que, lorsque j’ai visité le tunnel de la Tour, cet ingénieux système de locomotion n’existait plus : un incommode escalier de bois