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Page:La Nature, 1873.djvu/177

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LA NATURE.

pendant la nuit. Que ne donnerait-il pas pour retrouver ce poids perdu, au moyen duquel il mettrait un frein à l’ardeur du son coursier aérien ? Si le soleil est chaud, le ballon s’élèvera si haut, qu’il sera nécessaire de modérer son ascension en perdant du gaz… La seconde nuit va venir, le phénomène inverse va se reproduire. Cette fois l’aéronaute n’a plus les mêmes ressources que la veille ; la provision de lest, qui est sa vie, va sans cesse en s’épuisant. Je veux bien admettre qu’il en ait encore assez pour la deuxième nuit, pour la troisième ; en aura-t il suffisamment pour la sixième, pour la septième, si les différences de températures de jour et de la nuit sont considérables comme il est probable ? Le moment arrivera vite où les sacs de sable seront vides[1] ; le ballon descendra sans que rien puisse le retenir. Mais au lieu de rencontrer, comme au-dessus des continents, un sol hospitalier, c’est à la cime des vagues qu’il va se heurter ! Son ancre, au lieu de mordre, va plonger en vain dans les eaux ; si le vent est violent, malgré leur bateau de sauvetage, les voyageurs peuvent se préparer à la plus épouvantable des morts. L’aérostat sera impitoyablement enlevé par le vent, le traînage effroyable le lancera de vague en vague, à la surface océanique ! Bien habiles seraient les hommes emportés par une telle force, s’ils trouvaient le moyen de détacher leur barque de sauvetage !

Gaston Tissandier.

— La suite prochainement. —


LES GROTTES DE MENTON
ET LA QUESTION DE L’HOMME FOSSILE.

L’homme fossile de Menton.

La découverte d’un squelette humain, dans l’une des grottes de Menton, a produit, on se le rappelle, un véritable événement dans le monde savant ; elle s’est présentée comme un nouvel et frappant exemple de l’homme fossile.

Cette découverte a déjà été l’objet de bien des commentaires, mais elle offre à la critique quelques caractères saillants que l’on a omis d’exposer jusqu’à ce jour et que nous croyons intéressant de passer en revue.

Chargé par M. le ministre de l’instruction publique de faire des fouilles dans les cavernes de Menton, déjà explorées par plusieurs savants, M. le Dr Rivière étudia neuf grottes, situées sur le territoire italien, au voisinage de la frontière. Ses recherches le mirent bientôt en possession de nombreuses pièces qui se présentèrent comme l’affirmation des assertions émises avant lui par MM. Antonio Grand, Forel (de

  1. Dans notre ascension, exécutée au champ de Mars en 1869, avec le ballon le Pôle-Nord, nous avons été obligés, pour maintenir en l’air cet énorme ballon de 10 000 mètres, de jeter, en trois heures de temps, 800 kilogrammes de lest. Le ballon à terre était exposé à un soleil brûlant, La température du gaz pouvait certainement dépasser 40°. À 3 000 mètres, la température était de 4° au-dessous de zéro ; l’aérostat descendit bientôt avec une vitesse extraordinaire. Le lest fut jeté, sac par sac, sans interruption. Dans ces conditions, malgré 1 000 kilogrammes de lest, le Pôle-Nord eût été incapable de séjourner en l’air plus de 24 heures.