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Page:La Nature, 1873.djvu/194

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LA NATURE.

son régénérateur. Cet appareil se compose de deux fours accolés, pourvus chacun d’une cheminée d’appel. Dans chacun d’eux aussi se trouvent des carneaux en briques, d’une vaste surface, à travers lesquels l’air est obligé de circuler. Par l’un d’eux, entre l’air qui alimente le foyer ; par l’autre sortent les gaz produits par la combustion. Ce dernier s’échauffe donc. Lorsqu’il a acquis une certaine température, on renverse le courant d’air au moyen de registres disposés à cet effet. L’air atmosphérique arrive alors au foyer après s’être échauffé dans le four, et, il sort du foyer en traversant le four froid auquel il abandonne sa chaleur en excès. On renverse de nouveau le courant après un temps convenable, en sorte que chaque four absorbe et rend successivement la chaleur. Il est aisé de se rendre compte qu’un foyer alimenté avec de l’air chaud consomme moins de combustible que s’il était alimenté avec de l’air froid, puisqu’on économise tout le charbon qui serait employé à donner cette chaleur initiale à l’air d’alimentation.

On comprendra maintenant en quoi consiste le nouveau procédé métallurgique de M. Siemens pour la fabrication du fer et de l’acier : la cornue rotative et l’ensemble de l’appareil sont représentés dans la figure 3. S est l’un des deux fours accolés du régénérateur. H et H′ sont les deux cheminées, l’une pour l’entrée et l’autre pour la sortie de l’air. Contre la bouche commune aux deux fours s’appuie un creuset cylindrique R, en fer, garni intérieurement d’une couche épaisse de terre réfractaire. Ce creuset repose sur quatre galets et reçoit, par des engrenages et une manivelle M, un mouvement de rotation, lent ou rapide à volonté ; il a 2 mètres de diamètre sur 2m,70) de long.

Voici maintenant comment se conduit l’opération. On chauffe le creuset au rouge en faisant entrer le courant d’air fourni par le régénérateur ; puis, on y charge une tonne environ de minerai broyé en fragments de la grosseur d’un pois ou d’une fève, avec la quantité convenable de castine. En même temps on donne un léger mouvement de rotation. En quarante minutes, la masse est chauffée à blanc ; on y ajoute alors 250 à 300 kilogrammes de charbon et on tourne plus rapidement pour opérer le mélange. Les réactions chimiques s’opèrent comme dans un haut fourneau, mais plus rapidement et plus complètement. Le métal produit, se précipite au fond du creuset où, grâce à deux nervures circulaires indiquées sur le dessin, il se sépare en trois blocs. En deux heures de temps, l’opération est terminée. On arrête le creuset dans une position telle que l’orifice d’écoulement soit en bas, et les trois blocs de métal produits sont recueillis dans un wagon inférieur C. Il est clair que le résultat obtenu est du fer ou de l’acier, suivant que l’affinage est plus ou moins prolongé.

L’un des avantages de ce procédé est, paraît-il, de fournir un métal d’une pureté remarquable, le soufre et le phosphore que peuvent contenir les minerais étant presque absolument éliminés. Un autre avantage est de restreindre beaucoup la quantité de charbon consommée. M. Siemens prétend arriver à produire une tonne de fer avec 1 250 kilogrammes de charbon, et une tonne d’acier avec 2 tonnes de charbon, tandis que les anciennes méthodes métallurgiques exigent 3 à 4 tonnes de charbon pour une tonne de fer.

Le creuset rotatif de M. Siemens est déjà en usage dans plusieurs usines anglaises, et notamment dans les usines de la Landore Steel Company, à Sivansea, qui produit par ce moyen mille tonnes d’acier par semaine.

L’Exposition universelle de 1867 fut, on s’en souvient, un vrai triomphe pour la métallurgie du fer. Depuis lors, cette industrie n’est pas restée stationnaire ; comme on le voit, elle progresse et se perfectionne sans cesse. Il y a lieu de s’en féliciter, car il n’est guère de substances plus utiles à l’humanité que le fer et l’acier, dont les applications s’étendent et dont la consommation s’accroît, d’année en année, d’une façon prodigieuse.

Henri Blerzy.

REVUE MÉDICALE
UN MOT D’HYGIÈNE PUBLIQUE.
PHTHISIE PULMONAIRE. — LES MALADIES RÉGNANTES,
CALCULS DE LA VESSIE.

Une grosse question d’hygiène publique a été soulevée récemment, à l’Académie de médecine, par MM. Chauveau et Colin. Il s’agit de savoir si l’ingestion de la matière tuberculeuse et de la viande provenant d’animaux atteints de cette maladie, peut avoir une influence sur la production de la phthisie. On conçoit toute l’importance qu’aurait ce fait s’il était démontré, surtout quand on sait que la tuberculose est très-fréquente chez certains animaux livrés à la consommation ; le lapin, par exemple, et la vache laitière, que l’on a épuisée, afin de lui faire produire le plus possible.

M. Chauveau a fait ingérer à des génisses de la matière tuberculeuse : tous ces animaux sont devenus phthisiques. — Mais M. Colin, qui a fait les mêmes expériences, assure n’être arrivé à aucun résultat ; il croit, en outre, que si les génisses de M. Chauveau sont devenues phthisiques, cela tient à ce que cet expérimentateur faisait avaler de force les matières aux animaux, en faisant pénétrer, par ce moyen défectueux quelques parcelles dans les bronches, où elles agissent alors par simple action de contact. — La matière tuberculeuse, selon M. Colin, ne serait pas plus absorbée dans l’estomac que certains virus et venins que l’on peut avaler sans danger, tandis qu’ils causent des accidents terribles s’ils sont appliqués sur une solution de continuité de la peau. — M. Raynal (d’Alfort), soutient l’opinion de M. Colin ; Mais M. Bouley (de l’Institut), a rapporté