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Page:La Nature, 1873.djvu/232

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LA NATURE.
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dernière est ronde, brillante, presque visible à l’œil nu et pourvue d’un noyau central. La comète de Marseille a été soumise par MM. Wolf et Rayet à l’examen spectroscopique et a donné des résultats intéressants. Au lieu des trois bandes que donnant d’ordinaire les comètes, celle-ci n’en fournit que deux, l’une dans le vert, l’autre dans le bleu, et toutes les deux très-intenses. Ce spectre propre de la comète est noyé dans un spectre continu très-faible résultant de la lumière que l’astre errant reçoit du soleil et réfléchit vers nous. En même temps qu’il fait connaître ces résultats, M. Rayet annonce qu’il a soumis, le 16 août dernier, les focales solaires à un nouvel examen spectral, En examinant le bord solaire au-dessus d’une focale, il a vu, au voisinage de l’astre, les deux raies D caractéristiques du sodium apparaître sans renversement ; à une plus grande hauteur, les deux raies étaient renversées, mais en un point intermédiaire, l’une des deux raies seulement, la moins réfrangible, était renversée, l’autre ne l’était pas. Ce fait extrêmement curieux et dont on ne possède pas d’explication satisfaisante, n’avait jamais été observé jusqu’ici relativement au sodium ; on sait qu’au contraire, le magnésium a déjà fourni des phénomènes exactement pareils.

<span id="Théorie solaire de M. Zöllner">Théorie solaire de M. Zöllner. — Il y a d’autant plus d’intérêt à exposer en peu de mots la théorie solaire de M. Zöllner, que le P. Secchi vient d’en faire le sujet d’une discussion approfondie ramenant le contrôle de cette hypothèse à la constatation pure et simple de certains faits astronomiques. Aussi écoute-t-on avec une attention soutenue le résumé qu’en fait aujourd’hui M. Faye. Pour M. Zöllner, le soleil n’est pas autre chose qu’un globe de matière fondue, à la surface de laquelle se produisent des scories qui sont des taches. Tout autour existe une énorme atmosphère. Avec cela M. Zöllner prétend expliquer toutes les particularités de mouvements et de formes que présentent les taches. Pour leur mouvement la chose va assez bien, car il est tout à fait analogue à celui de corps flottants, et cependant certains détails ne cadrent pas avec la manière de voir du savant allemand. Pour les caractères physiques des taches, voici comment M. Zöllner expose les choses. On sait ce qui se passe dans l’atmosphère terrestre au-dessus des îles de l’Océan. Celles-ci s’échauffent et se refroidissent plus rapidement que l’eau qui les environne ; il se développe autour d’elles des brises alternativement marines et terrestres, qui constituent assez bien comme des tores dont le sens de rotation change successivement. Sur le soleil, en admettant les îles de scories, la même chose doit se produire avec cette différence, que le sens du mouvement de la brise doit être toujours le même. Donc dans l’atmosphère du soleil, autour de chaque scorie, doit se produire un appel de gaz qui, se refroidissant sous l’action de l’écran qui les sépare de la mer de feu, doivent plonger vers le centre de la tache et se refroidir. En se refroidissant, ces vapeurs peuvent arriver à se condenser au moins partiellement en un nuage dont l’opacité relative doit constituer autour du noyau noir de la tache, le phénomène que connaissent tous les observateurs. Mais ces gaz, qui plongent vers la tache, glissent sur elle dans des directions centrifuges, viennent lécher la surface incandescente du soleil, et alors subitement portés à une température très-élevée, doivent être lancés dans l’atmosphère jusqu’à une hauteur extrêmement considérable, constituant ainsi les protubérances. On voit qu’en définitive cette théorie est assez simple, mais elle présente tout de suite une difficulté. En effet, ce tore de vapeur moyenne que M. Zöllner suppose au-dessus de chaque tache, c’est-à-dire au-dessus du disque du soleil ayant de trois à quatre secondes de hauteur, devrait être extrêmement visible pendant les éclipses totales ; or on n’a jamais rien aperçu qui lui ressemble. Mais ce n’est pas là l’objection que fait le P. Secchi ; elle est encore bien plus radicale.

On vient de voir que pour M. Zöllner ce sont les taches qui produisent les protubérances ; le P. Secchi affirme que c’est toujours le contraire qui a lieu : on voit les protubérances se produire d’abord et déterminer les taches. Il y a là évidemment une difficulté insurmontable. D’ailleurs, il faut remarquer aussi que le point de départ de M Zöllner ne peut pas être soutenu. Il est impossible d’admettre que le soleil soit un globe de matière en fusion et encore bien moins que les taches soient des scories. La première supposition mettrait le soleil dans les plus mauvaises conditions de durée, et la seconde serait tout à fait incompatible avec la longue persistance des taches qu’on a vues parfois se maintenir pendant six mois de suite. En effet, chaque mètre carré de la surface solaire livre passage par jour à douze cents millions de calories, c’est-à-dire à une quantité de chaleur suffisante pour fondre en un jour, par simple rayonnement, une couche de fer battu d’un kilomètre d’épaisseur ; et c’est sur ce bain qu’on suppose la formation de scories persistantes ! Ces remarques suffisent évidemment pour faire renoncer à la théorie de M. Zöllner.

La ladrerie bovine. — Il y a déjà bien longtemps que Leuckhardt, ayant donné à un veau des œufs du tœnia medio canellata, ou tænia à tête interne, vit l’animal contracter une maladie absolument identique à la ladrerie du porc. Toutefois la question n’était pas élucidée quand M. Saint-Cyr, professeur à l’École vétérinaire de Lyon, trouva une occasion de l’étudier de nouveau. Un élève de l’école, parti pendant la guerre comme garde mobile, revint avec un ver intestinal qui le faisait beaucoup souffrir. Ce ver ayant été évacué, M. Saint-Cyr reconnut qu’il appartenait à l’espèce très-rare qui vient d’être nommée. Il en administra des anneaux à plusieurs veaux et retrouva bientôt dans leurs muscles des cysticerques tout prêts à repasser dans l’intestin de l’homme à l’état du tænia qui les avait produits. Il résulte de ces remarques intéressantes que les bêtes à cornes sont susceptibles d’une ladrerie analogue à celle du porc, et que les inspecteurs de boucherie devront porter dorénavant leur attention sur ce nouveau danger pour la santé publique. — À propos d’entozoaire, mentionnons un tænia de 30 centimètres, déposé sur le bureau et que M. le docteur Jules Séguin a extrait de l’abdomen d’une ablette de 8 centimètres. Le ver était encore plein de vie plusieurs heures après la mort du poisson.

Le sulfure de carbone contre le phylloxéra. — Dans une lettre de. M. Dumas se trouve indiqué contre le phylloxéra l’emploi imaginé par M. Monestier du sulfure de carbone. On fait au pied de chaque cep, au moyen d’une barre de fer, trois trous dans chacun desquels on verse 50 grammes de sulfure de carbone, puis on bouche ces trous avec des bouchons. La lourde vapeur chasse peu à peu l’air renfermé dans la terre autour des racines, et au bout de huit jours tous les phylloxéras sont tués. La dépense est de 15 à 20 centimes par cep et le résultat est, dit-on, assuré. Toutefois l’auteur cherche à remplacer le sulfure de carbone par quelque composé plus commode. Il paraît que la vigne ne souffre aucunement de ce traitement.

Stanislas Meunier.



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